Triangle blanc surmonté de minarets offrant comme autant d’escaliers descendant vers la mer, les terrasses de ses maisons serrées accrochées au Djebel, penchées sur des rues bruyantes et passionnantes aux parfums excitants d’encens, de musc et d’épices développant une curiosité insatiable. Voisinant avec les souks, les palais et les mosquées sont autant de chefs-d’oeuvre d’architecture turc du XVe siècle qui avait suscité
l’admiration de Le Corbusier, qui dit ….
L’urbanisme est l’expression de la vitalité d’une Société
… Ceux qui ont construit la Casbah avaient atteint au chef d’Oeuvre architectural et d’urbanisme. Le Corbusier
La Basse Casbah
,
Par la rue du Divan (actuellement rue Aoua Abdelkader, on aboutit à la Place où se concentrent plusieurs monuments historiques des
plus intéressants. :
Dar Aziza – Le type même de la maison algérienne, somptueuse avec une très jolie cour de marbre et jet d’eau, faïence,
stucs et claustras à verre coloré. Ce palais qui était attenant à la Djénina, servait de résidence aux hôtes de distinction de passage à Alger. Construit, probablement par un bey pour sa fille préférée, ce palais subit malheureusement de nombreuses transformation, notamment la mutilation qui devait le priver de l’ensemble de son annexe, en 1838.
L’entrée était située à l’ex-rue du Soudan. Il y avait là, la porte qui a été réemployée lors de la réfection de l’entrée actuelle en 1835. Cette porte donne directement sur un escalier, ce qui est a priori contraire à la tradition. Dar Aziza, fut plus tard attribué à l’archevêque comme résidence avant de devenir le siège de l’archevêché d’Alger.
Mosquée Ketchaoua – Cathédrale Saint Philippe pendant 130 ans, puis de nouveau mosquée Ketchaoua, tel est le destin de ce temple où l’on y prie depuis prés de 4 siècles. Ce que l’on sait avec certitude, c’est que la mosquée Ketchaoua
– qui veut dire plateau de chèvres en turc – existait déjà en 1612. Elle fut agrandie en 1794 par le Pacha Hassan. Elle étaient surmontée, rapporte-t-on, d’un minaret plaqué d’émail, tandis que sa nef, carrée était ornée de riches colonnes, de panneaux peints et de géantes inscriptions.
Une description a été faite avant les grandes transformations de cette mosquée, devenue église en 1832, par l’Abbé Bargès : » Ce qui frappe le plus en entrant dans cette église, ce sont les inscriptions presque colossales qui en ornent les parois. Les inscriptions expriment les sentences du Coran… » On conserva, en effet, sur ses colonnes les inscriptions qu’avait gravé l’artiste algérien Ibrahim Djarkeli, comme celles qui proclament que : « Les temples appartiennent à Dieu, n’y invoquons pas d’autres divinités que Dieu (Coran, sourate LXXII, Verset 18).
De 1845 à 1860, elle fut encore considérablement agrandie. En 1890, la façade reçut des décorations polychromes, formés de carreaux de faïence, de cabochons et de mosaïques. Cependant toutes les colonnes de l’édifice ainsi que le mimbar appartiennent à l’ancienne mosquée. Comme on le voit sur la photo, la façade flanquée de deux tours, s’inspire de l’architecture byzantine. Sa transformation en église lui fit,
en tout cas, perdre son cachet d’origine.
Dar Ahmed
C’est également un bel ensemble architectural du début du 19ème siècle qui a, vraisemblablement, fait partie de la Jenina. On atteint la cour de la maison par un escalier à coudes. De chaque coté de ce palais, des bâtisses, formant un grand immeuble de forme rectangulaire, ont été construites tout juste après 1830.
Le Bastion 23
L’histoire du Bastion 23 commence par la construction du Bordj Ez-Zoubia par ordre du Dey Ramdhan Pacha en 1576, appelé par les Turcs « Topanet », à cause des pièces d’artillerie installées sur le Bastion. Ce quartier que l’on a appelé « Quaâ Es Sour » ( le fond du rempart ) ou « Sabaâ » ( les sept tavernes ), était devenu progressivement le prolongement naturel de la Casbah vers la mer. Ce qui laisse supposer qu’il devait exister dans ce quartier quelques tavernes, lieu de rencontres des marins de tous bords. Il est constitué de 4 palais et d’une dizaine de maisons de pécheurs. Le Palais 18, le plus intéressant, dont on suppose qu’il avait été bâti en 1750 par Rais Mami, a été achevé en 1798 par le Dey Mustapha Pacha pour devenir sa résidence. Après 1830, ce palais devint la résidence du commandant du génie civil, une pension de jeunes filles, consulat américain, résidence du Duc d’Aumale de 1856 à 1861 et depuis bibliothèque municipale. Il fut le premier site restauré de la Casbah. Il a été sauvé par miracle de la démolition et réhabilité avec le concours d’une équipe d’experts italiens spécialisée dans la restauration des vieilles constructions historiques, assistée de jeunes architectes algériens qui semblent avoir acquis, à son contact, une solide formation de nature à leur permettre de prendre en charge d’autres opérations de restauration. Cet intérieur du palais 18 a retrouvé sa fraîcheur et ses couleurs. Les carreaux de faïence ont été reproduites dans les mêmes matériaux et les mêmes teintes que ceux qui existaient.